Centenaire de la naissance d’Albert Camus : une opération marketing ?
Le 7 novembre 1913, naissait, à Mondovi en Algérie française, dans une famille pauvre, Albert Camus, qui devait, 44 ans plus tard se voir remis le prix Nobel de littérature.
S’il n’est nul besoin de présenter l’œuvre de l’écrivain un temps si peu fréquentable, il devient peut-être aujourd’hui judicieux de s’interroger sur l’engouement qu’il suscite depuis quelques années…
Il faut, en effet, lire Camus. L’aimer. L’admirer. Le reconnaître.
C’est que Camus fait vendre. Et beaucoup. Tellement que chacun en cet automne y va de son ouvrage (61 parutions pour ce centenaire selon livres hebdo). Les expositions, rééditions, hors-série ne se comptent plus (Le point, Le monde, Philosophie Magazine…). Jusqu’à un certain Monsieur Gaino, qui a cru bon servir un texte en se fendant d’un discours imaginaire à l’attention de l’accueil de la dépouille du défunt au Panthéon !
Pauvre Camus !
Ceux qui aiment et pratiquent son œuvre depuis toujours ne manqueront pas de s’affliger de cette abominable sanctification mercantile.
La fille de l’écrivain lui-même, qui semble perdre la tête, autorisant la maison Gallimard à multiplier les éditions de ses œuvres (on trouve même les carnets en poche comme s’il faisait partie intégrante de l’œuvre), tout en interdisant la publication de lettres de la dernière maîtresse de l’homme (vrais documents qui eux, peuvent apporter de nouveaux éclairages.)
Mais les médias l’ont décidé. Il doit donc en aller ainsi. On va vous vendre du Camus tout cet automne. Il faudra donc en consommer. Et s’il se trouve forcément quelques ouvrages intéressants (correspondance avec Louis Guilloux, Francis Ponge, Roger Martin du Gard…) nul doute que la somme de publications présentée ne soit guère plus pertinente que de vouloir mettre l’homme qui écrivait dans Combat (dont la devise était De la résistance à la révolution
), au Panthéon…
Stéphane Esserbé